Les médias espèrent obtenir une compensation pour l’utilisation de leurs contenus


Laurent Berard-Quélin (président de la féderation nationale de la presse spécialisée), Pierre Louette (PDG du groupe Les Echos-Le Parisien), Jean-Michel Baylet (président de l'Alliance des éditeurs), François Claverie (directeur général du Point) et Marc Feuillée (directeur général du Groupe Figaro), à Paris, le 24 octobre 2019.

L’intelligence artificielle (IA) et l’essor de logiciels capables, comme ChatGPT, de rédiger des textes bien écrits, suscite une inquiétude chez les éditeurs de presse. Ces dernières semaines, cette crainte a laissé place à une mobilisation. Des médias ont l’espoir d’obtenir une compensation financière pour l’utilisation de leurs articles ou images lors de la phase d’entraînement des logiciels.

« Les fabricants des grands systèmes d’IA vont avoir besoin de grandes quantités de contenus fiables », justifie-t-on à l’Alliance de la presse d’information générale (APIG), alors que certains reprochent aux logiciels leurs erreurs.

L’intégration annoncée d’un robot conversationnel (Bard, concurrent de ChatGPT) dans le moteur de recherche Google va, de plus, créer un « choc d’audience » négatif pour les médias, argumente Marc Feuillée, directeur général du Groupe Figaro : « L’IA va se nourrir de nos contenus en continu, puis fournir à l’internaute des réponses synthétisées, digérées, anticipe-t-il. De plus, dans les résultats du moteur de recherche, les liens vers nos sites vont être déclassés, en dessous des réponses du chatbot. »

« Un enjeu de matière première »

« Si des entreprises utilisent nos contenus, il faut une juste rémunération », résume Louis Dreyfus, président du directoire du Monde. « Pour les IA, c’est un enjeu de matière première. Il faut donc de la part de la presse une réponse industrielle, collective », ajoute Emmanuel Parody, secrétaire général du Groupement des éditeurs de contenus et services en ligne (Geste).

Ce syndicat de 140 médias et services numériques compte s’appuyer sur le Centre français d’exploitation du droit de copie (CFC), qui surveille déjà les robots (ou crawlers) passant régulièrement sur les sites pour aspirer les contenus afin de faire de la veille, d’alimenter des revues de presse… ou de nourrir des IA.

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L’offensive existe aussi à l’étranger : « La propriété intellectuelle des médias est menacée et nous devrions réclamer avec vigueur une compensation », a lancé Robert Thompson, le directeur de News Corp (The Wall Street Journal, The Times), fin mai, devant l’International News Medias Association. « Il faut une solution commune à toute l’industrie des médias », a expliqué Mathias Döpfner, patron de Springer (Bild, Politico…) dans le quotidien Financial Times (FT). Des responsables du Guardian et du FT ont eux-mêmes plaidé fin mai, lors d’un événement organisé par le cabinet Deloitte, pour « un échange de valeur équitable ».

Des discussions ont commencé : selon le Financial Times, News Corp et le New York Times ont rencontré OpenAI, le créateur de ChatGPT. Et Springer, News Corp ou le Guardian ont échangé avec Google. L’idée d’« un contrat de licence » rémunérant les contenus d’entraînement des IA y aurait été évoquée.

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